Une semaine dans la peau d'une demi-pensionnaire
- evamariefrancoise
- 10 juil. 2018
- 24 min de lecture


27/05/2018 - Jour 1 : Mon arrivée au foyer
17 h 00. Mon immersion allait commencer. J’avais déjà en tête tout un « scénario » à répéter, si une des filles s’étonnait de ma présence : je suis ici parce que le foyer est placé à proximité de mon lieu de stage et que je n’avais besoin que d’une semaine d’hébergement, et les religieuses ont bien voulu accepter ma demande. J’improviserai si elles me posent davantage de questions. Je ne devais en aucun cas mentionner, du moins durant les 5 premiers jours que j’étais une étudiante en pleine immersion journalistique dans le foyer. Il était important que je me fonde dans la masse pour pouvoir observer les habitudes de vie comme le préconise une bonne immersion, selon les conseils de mon tuteur, Nicolas Barriquand.
17 h 30. Une fois arrivée au Foyer La Voie Romaine, à Fourvière, j’ai bien senti que j’étais attendue. Les sœurs m’ont accueilli, bien au-delà de ce que j’avais imaginé.
Sœur Lucia me montre alors la chambre dans laquelle j’allais être pendant une semaine. J’ai été très surprise puisqu’il était convenu que je fasse les allers-retours chaque jour entre mon domicile, Vaise, et Fourvière.
Passée ma phase d’étonnement et de remerciements pour cette attention, elle m’explique que je serai dans « Le Pavillon », partie de l’établissement réservée aux demi-pensionnaires plus âgées.
Le lieu où j’allais dormir est d’ordinaire réservé à d’autres religieuses de passage sur Lyon, ce qui explique le fait que cette pièce soit plus grande que celle des autres résidentes. Une salle de bain, une chambre à coucher, un bureau, une fenêtre avec vue sur la ville et sur le même palier un lieu de prière.
Je lui exprime de nouveau ma gratitude pour cet accueil. « Quand on accueille, on accueille bien ! Sinon, on ne le fait pas du tout.» Cette simple réponse de Sœur Lucia m’a de suite mise en confiance pour le reste de mon expérience journalistique au sein du Foyer La Voie Romaine.
Sur ses conseils, je me suis installée dans la chambre.
18 h 00. Les filles commencent à arriver au Foyer. Pour les observer, je me place dans le salon situé près de l’accueil.
Le choix de cette place n’était pas anodin : de là, je pouvais entendre les quelques échanges verbaux entre les religieuses et les demi-pensionnaires. Ces dernières sonnent au portillon à leur arrivée, se présentent à l’accueil et récupèrent leur clef. La religieuse chargée de l’accueil, Bernadette, pointe alors les présences dans un registre.
Ces filles viennent aussi bien de la métropole Lyonnaise que de la région environnante, et le dimanche soir elles rejoignent leur pensionnat avec leurs grosses valises et/ou sacs, soit par le biais des transports en commun ( TCL, TER…) soit en se faisant déposer par leurs parents. Chaque week-end, les filles doivent rentrer chez-elle ; c'est une des exigences du foyer, comme l'explique Sœur Lucia.
En ce dimanche de fête des mères, la maman d’une des filles s’est présentée à l’accueil en offrant un présent à la communauté des religieuses. « Voilà une boîte de chocolats pour vous. Au nom de toutes les mères, je vous remercie du fond du coeur de veiller sur nos filles. Et puis finalement, vous êtes un peu les mamans du foyer ! ». De ce geste, j’ai de suite compris en partie le rôle des religieuses : un des piliers pour ces étudiantes loin de leur famille. La directrice de l'établissement m'explique par la suite que ce n'est pas le seul geste que certains parents ont à leur égard.

19 h 00. Au moment du repas, les sœurs se réunissent dans leur salle à manger, partie privée du foyer. Elles emmènent chacune de quoi grignoter. Ca peut être du pain, de la salade ou encore des pâtes. Je suis conviée à partager ce repas du soir, où les filles ne sont pas invitées.
A cette table, j’ai fait la connaissance de Sœur Marlène venue tout droit du Cameroun. faisant partie de la même congrégation que les autres religieuses, elle était de passage sur Lyon avant de retourner au Brésil, sa terre natale.
Lors de ce moment de partage, Lucie, Lucia, Marlène et Bernadette, se sont intéressées à ma vie personnelle telles que mes études, ma famille. Quant à moi, je les interroge sur le choix de Lyon ou du Cameroun pour exercer leur foi.
« Comme nous sommes une congrégation brésilienne, Notre Dame des Douleurs, c’est la mère supérieure qui décide où nous devons aller, accomplir notre mission », me précise Marlène. Au cours de ce dîner, elles m’ont donné quelques informations pratiques : l’heure du petit déjeuner c’est entre
6 h 30 et 8 h 00 ; le dîner entre 19 h 00 et 20 h 00 et le couvre feu pour rentrer au foyer fixé à 22 h 00.
Une fois ce repas terminé, je les aide à débarrasser la table et à ranger les affaires, pour signifier ma gratitude de pouvoir faire mon immersion chez elles. S’il reste des miettes de pain ou des tranches de jambon non terminées, elles ne les jettent pas mais les donnent aux oiseaux et chats errants qui viennent la nuit à leur porte.
Par la même occasion j’aide Sœur Lucie à préparer le chariot du petit déjeuner pour le lendemain matin : panier de confiture, baguettes de pain, bols, cuillères, assiettes…
20 h 00. En attendant que toutes les filles soient rentrées, et avant d’aller dormir, ces femmes consacrées à Dieu vont se reposer dans leur salon privé, une pièce juxtaposée à l’accueil, et regardent la télévision pour ne pas rater le 20h de France 2 et surtout la météo.
21 h 00. Une fois le journal télévisé terminé, il ne reste plus que Bernadette, fidèle au poste pour veiller jusqu’au retour du week-end des dernières filles.
Avec les grèves SNCF qui ont lieu au même moment, il arrive que certaines rentrent après 22 h 00. C’était le cas notamment pour deux d’entre elles, Hélène et Mathilde qui ont demandé à diane, une des demi pensionnaires déjà présente, de prévenir Bernadette de leur retard.
Cette dernière, veillant jusqu’à tard, profite également pour vérifier la boîte mail du foyer. Je suis restée à ses côtés dans leur salon privé pour continuer à observer l’arrivée des étudiantes mais aussi pour lui tenir compagnie et discuter en attendant. « Pour ne pas m’endormir, je regarde mon petit feuilleton policier et je fais aussi un puzzle sur l’ordinateur ou je reste un peu sur internet », me confie-t-elle.
Malgré leur grand âge, les religieuses sont à l’aise avec la technologie. Pour la petite précision, sœur Bernadette est âgée de 79 ans.
22 h 00. Bernadette vérifie le registre de présence ainsi que le tableau des clefs. Elle constate alors qu’il manque une des filles à l’appel. Inquiète, elle téléphone à la jeune fille, aucune réponse. Elle essaye de joindre le portable de ses parents, même résultat. Angoissée, elle décide de monter voir les copines de la demi-pensionnaire manquante pour savoir si elles ont de ses nouvelles. « C’est étrange les filles pensaient justement qu’elle était déjà rentrée … », exprime-t-elle à voix haute en rentrant dans le bureau. Il lui vient à l’esprit de consulter à nouveau les mails et là effectivement la mère de la jeune fille venait tout juste d’envoyer un message pour avertir que son enfant ne rentrerait au foyer que lundi. Soulagée de cette nouvelle, elle peut enfin fermer la porte du foyer, éteindre l’ordinateur et aller se coucher dans sa chambre située au 1er étage, à côté de celles des filles.
Elle était beaucoup plus résistante à la tentation de vouloir de dormir que les autres religieuses.
28/05/2018 - Jour 2: Que ma vie de demi-pensionnaire commence
7 h 00. Chaque matin, les filles peuvent déjeuner de 6 h 30 à 8 h 00 dans le réfectoire, situé au rez-de-chaussée. Une employée du foyer vient également tous les jours à ces mêmes horaires pour débarrasser et faire la vaisselle du petit-déjeuner.
Pour le repas du matin, on a droit à un petit déjeuner équilibré. Du pain avec du beurre du miel ou de la confiture, une boisson chaude et du jus. Une habitude alimentaire similaire à la mienne comme celle des autres étudiantes.
En arrivant dans le réfectoire, je me retrouve seule. Je m’installe à l’une des tables et prends tranquillement mon pain et mon chocolat chaud. Je vois ensuite beaucoup de demi-pensionnaires qui ne passent prendre qu’un verre de jus et remontent immédiatement dans leur chambre. Quand d’autres s’installent seules à leur table et ne m’adressent pas un « salut ». Elles restent finalement très silencieuses. Fatiguées de part la nuit et nonchalantes pour se rendre à l’école de bonne heure.
Il arrive aussi que certaines emmènent leurs céréales ou jus qu’elles stockent dans leur chambre ou le réfrigérateur commun. Ce dernier permet à chaque fille d’y entreposer ce qu’elles veulent à condition de les étiqueter. Dans le cas contraire, les religieuses se réservent le droit de les jeter.
9 h 00. Après avoir pris ma douche, je redescends à l'accueil pour saluer les religieuses que je n’ai pu voir au petit-déjeuner. « Alors tu as bien dormi ? », me demande Sœur Lucia, la directrice. Ce à quoi je réponds « Oh oui comme un bébé ! »
Je passe ensuite ma matinée à observer l’activité des sœurs et des étudiantes, assise dans un canapé à côté de l’accueil.
A chaque départ des filles du foyer pour aller à l’école elles doivent laisser leurs clefs à la réception.
« Cela nous permet de voir en un coup d’œil qui est là ou pas », m’explique Bernadette. Pour les étudiantes qui rentrent plus tard que 22 h 00 ou ne rentrent pas pour le repas de 19 h 00, elles doivent en informer les religieuses le matin même, et le noter également dans un « cahier penses-bêtes ».
Pour celles qui ne se rendent pas en cours, le lycée en informe les parents. Ces derniers contactent alors le pensionnat. Pour y vérifier la bonne présence des enfants. « Certaines ont comme excuses les révisions pour leurs examens ou qu’elles sont malades. Mais en général, les filles restent bien au foyer quand elles ne vont pas en classe ».
Dans le même temps, je fais connaissance avec Lucie, la religieuse brésilienne arrivée au début de l'année en France et donc au foyer. « J’arrive un petit peu à parler français. Si tu parles très doucement j’arriverai à te répondre. Je veux bien échanger avec toi pour apprendre mieux la
langue ».
12 h 00. Arrive ensuite l’heure du déjeuner avec ces femmes qui consacrent leur vie au Seigneur. Avant de commencer le repas, il est primordial de faire la bénédiction du repas par une prière et pour ce déjeuner-ci elle était en Portugais. Je ne comprends, bien évidemment, pas les paroles. C’est comme ça que débute chaque repas par un chant ou une prière, en Portugais ou en Français.
« La plupart du temps on invente, on improvise notre prière. Mais on remercie toujours le Seigneur de nous offrir ce repas », m’explique Lucia.
Les sœurs mangent parfois le surplus des plats du soir. Après quoi, elles regardent les actualités du 13h de TF1, puis chacune vaque à ses occupations personnelles. Repos ou départ pour la messe à la Basilique de Notre Dame de Fourvière.
17 h 00. Le retour des filles est imminent. On leur remet leur clef après un bref échange sur leur journée.
Clémence, 12 ans, est l'une des plus jeunes demi-pensionnaires

Pour le dîner, les repas livrés très tôt dans la journée par une cuisine centrale lyonnaise, sont réchauffés 30 minutes avant qu’ils ne soient servis par deux des employées de la structure dans la cuisine du foyer.
A 19 h 00. A cette heure précise, une sonnerie retentit. Je me dis que c’est sûrement une alarme incendie. Je descends au rez-de-chaussée. Ce n’est en réalité que l’appel pour le repas. C’est là que des groupes se forment autour de chaque table. Les filles se rassemblent en général par affinité.
Je me suis assise à l’une des tables où il restait une place inoccupée. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de quatre lycéennes de 1ère du lycée Les Lazaristes situé à Fourvière. Elles m’ont de suite mise à l’aise en se présentant chacune à leur tour. Mathilde, Diane, Hélène et Valentine.
« Et toi tu t’appelles comment ? Tu es arrivée depuis quand ? se sont-elles accordées à me demander.
⁃ Voilà, je m’appelle Eva, je suis en stage pendant une semaine dans une rédaction lyonnaise de presse écrite. Je suis arrivée hier soir et je repars dimanche prochain. Je fais des études en journalisme en tant qu’étudiante de deuxième année à l’ISCPA de Lyon, leur ai-je répondu en leur servant le scénario que je m’étais déjà imaginé la veille au soir.
Tous les repas chauds du soir sont servis en self : une entrée avec des légumes, un plat à base de viande accompagné d’un féculent et pour le dessert un fruit ou un dessert lacté.
Pendant ce moment de partage, les filles discutent entre elles de leur journée. Les ragots, les confidences, les problèmes de classes…
Je commence aussi à les questionner sur le choix de vivre ici, au foyer La Voie Romaine.
« Je préfère ici plutôt qu’un internat; là bas c’est plus stricte au niveau des horaires », « C’est la deuxième année qu’on se retrouve toutes les quatre au foyer et je veux vraiment revenir l’année prochaine. Et puis on va toutes au même lycée, aux Lazaristes. C’est juste à côté en plus, à 10 minutes de marche », « Ma cousine était ici et elle m’en avait déjà parlé. Ca m’a donné envie alors je suis venue et on est pas si mal ici », m’ont t-elles confiées tour à tour.
Le repas fini, chacune débarrasse son plateau.
Elles regagnent ensuite leur étage pour se doucher dans l’une des salles de bain communes et vont ensuite faire les devoirs dans leur chambre. Chaque étage est équipée de six cabines de douche et de trois WC. La douche est aussi un moment de partage entre certains filles du foyer. Discussion, ragot...
19 h 30. Quand le service collectif est terminé, les plats sont donc lavés et rangés. Sœur Lucie prépare ensuite les plateaux repas des filles qui rentrent en « tardif ». Ces étudiantes qui mangent après 20h, sont très souvent celles qui pratiquent une activité extra scolaire comme de la musique, de la danse au conservatoire qui se trouve à proximité, ou du sport.
Les religieuses remettent dans le réfrigérateur ce qui n’a pas été consommé. Afin d'éviter tout gaspillage alimentaire, les denrées restantes au bout de 2 jours sont donner aux religieuses du Carmel.
Et comme chaque soir jusqu’à parfois minuit, Bernadette est de garde pour veiller le retour des étudiantes. Je lui tiens compagnie et discute avec elle dans le même temps à propos d'anecdotes sur certaines des demi-pensionnaires.
« On a déjà eu des cas très difficiles. Par exemple, il y a deux ans, une demi-pensionnaire âgée de 17 ans consommait de la drogue et allait rarement en cours. Je me suis aperçue de son état une fois lorsqu’elle est arrivée, les pupilles dilatées. On a averti les parents; la mère n’en croyait pas un mot et s’est énervée contre moi. Le papa lui m’a cru et était conscient du problème de sa fille. Cette dernière avait déjà fait trois entorses à notre règlement intérieur. On a dû la mettre dehors, il y a des règles et il faut les respecter. »
Passé 22 h 00, toutes les filles sont rentrées; Bernadette ferme les portes du foyer et monte se coucher.
29/05/2018 - Jour 3: Un début de confiance
Pour le petit-déjeuner de ce jour là, je me suis assise avec une des sportives rentrées hier en « tardif », Marion Singer, élève en seconde au lycée professionnel Polyvalent Jehanne de France. On se présente l’une à l’autre et je lui sors le même discours que j’ai tenu vis-à-vis des autres filles la veille au soir. Je lui demande alors si ça fait longtemps qu’elle est ici et pourquoi avoir voulu y être.
« C’est ma première année à Lyon, du moins toute seule comme ça. Je vis le reste de l’année à Bourg-en-Bress, où je ne pouvais pas faire les études souhaitées. Si je suis ici, c’est déjà pour ne pas être seule dans un logement étudiant. J'ai en quelque sorte une famille ici », m'explique Marion le sourire aux lèvres.
On a ensuite échangé pendant presque 3/4 d’heure tout en prenant notre petit-déjeuner. Elle me confia ses craintes et ses doutes pour son avenir professionnel. Le fait qu’elle me fasse ces confidences, je me sentais déjà bien intégrée. La véritable raison de ma venue ici était encore bien dissimulée.
Mon repas du matin terminé, j’entends de la musique au rez-de-chaussée. Le matin, très tôt quand certaines n’ont pas cours, elles se rendent dans une petite salle du foyer pour répéter leur partition au piano ou avec leurs propres instruments. Violon, clarinette, flûte …
Une fois que toutes les filles sont parties, les religieuses se rendent dans l’un des lieux de prière du foyer. Elles entament alors la lecture de la Bible et font un prêche sur la parole du jour. Ce moment de prière se fait tous les jours. Comme je ne peux y assister, je reviens à l’accueil et fait la connaissance la secrétaire, Sophie Santi.
Dans la matinée, sœur Lucie se rend au monastère des Carmélites, limitrophe au foyer, pour leur donner le reste du repas de la veille.
Vient ensuite l’heure du déjeuner, avec la bénédiction du repas par les religieuses.
Après ce repas, je tiens compagnie à la secrétaire et discute avec elle sur ses activités. « A cette période de l’année, on a déjà de nouvelles inscriptions pour la prochaine rentrée scolaire, m’explique Madame Santi. Avant toute acceptation de dossier, les jeunes et leurs parents doivent s’entretenir avec la directrice, Sœur Lucia. »
Ce temps de discussion terminé, je remonte dans ma chambre me reposer. J’aurai voulu sortir et explorer un peu le quartier dans lequel je me trouvais mais manque de chance, il pleuvait abondamment.
19 h 00. Arrivée l'heure du dîner, je me remets donc à la même place de la veille au réfectoire. Mais cette fois-ci, il y a une nouvelle personne à la table, Laeticia, en terminale, dans le même lycée que les autres. Intriguée par ma présence, je lui explique, qui je suis et ce pourquoi je suis là. Pas totalement convaincue par le fait qu’il était possible d’être là pour une semaine seulement, je craignais de voir ma couverture grillée.
A force d’arguments, elle finit par accepter la situation.
30/05/2018 - Jour 4: Exploration au cœur du foyer
Comme hier matin, j’ai pris mon petit déjeuner avec Marion, et Laeticia cette fois-ci. Aucune d’elles n’avaient envie de se rendre à l’école et Laeticia plus que Marion.
« Il fait trop beau pour rester enfermer, et puis j’angoisse beaucoup à l’approche des premières épreuves du bac. J’ai tellement pas envie d’aller en cours… Je préfère réviser plutôt que d’aller en cours de technologie où on ne fait strictement rien ! Je pense que je vais avertir mon père que je ne vais pas y aller », lance t-elle sur un ton énervé. Comme pour la rassurer, Marion et moi essayons de lui faire comprendre que nous non plus avons envie d’aller au travail. « Faut pas que tu regrettes ton choix après; si tu penses que c'est mieux, préviens vraiment tes parents », conseille judicieusement Marion, comme le ferait une sœur.
Pour le reste de la journée, c'était semblable aux autres. Observation du foyer, discussion, déjeuner.

L'après-midi, j'ai fait un tour dans le jardin du foyer. Il y avait là des roses, une pelouse verte parfaitement entretenue et des plants de lavande. Avec un tel cadre de vie, j’ai compris pourquoi les filles aiment tant être ici. C’est très reposant et on entend à peine le bruit de la circulation. Cet endroit a de quoi plaire et le tarif de la pension, 480 €, reste raisonnable. Et surtout, quelque chose qui n’a pas de prix: une nouvelle famille et la rigueur apportée à ces jeunes enfants.
19 h 00. A l’heure du dîner, pleinement intégrée à ce petit groupe, les filles commencent alors à me poser des questions un peu plus personnelles.
« Et toi alors, ta famille ne te manque pas ?
⁃ Si un peu mais finalement ça passe vite une année, leur ai-je répondu.
⁃ Franchement moi depuis que je suis là, j’apprécie de plus en plus mes week-ends en famille, exprime avec joie Mathilde.
C'est que ressens toutes filles. Certaines ne sont pas pressées de rentrer chez elles et préfèrent rester au foyer. Le plus souvent c'est parce qu'elles sont en conflit avec leurs parents alors décident de les éviter à tout prix en restant là.
21 h 00. Puis avant de monter me coucher, je rencontre Marion qui rentre du sport. On engage alors la conversation pendant qu’elle dîne et une autre demi-pensionnaire, Blandine, élève de terminale au lycée Juliette-Récamier, nous rejoint pour manger. Toutes deux sont amies, vivent au même étage du foyer, et se sont rencontrées pour la première fois au petit-déjeuner en début d'année. Peu de temps après, une autre de leur camarade les rejoint, Rose, violoniste et élève de Terminale. Pour arriver jusqu'au foyer ce soir là, deux ont emprunté le bus relais du funiculaire de Fourvière quand à la dernière, elle a préféré monter les marches du théâtre des Minimes bien que fatiguée. Tout au long de cette discussion, elles me racontent peu à peu comment se forment les groupes de filles au sein de l'établissement. Et finalement, les demi-pensionnaires ne se connaissent pas toutes entre elles et ont dû mal pour certaines, à intégrer de nouvelles personnes.
On n’a pas vu le temps passé, ce qui nous a par ailleurs porté préjudice puisque Sœur Bernadette nous a réprimandées sur le fait que l’on s’attardait. Il était en effet 23 h 00. On a ensuite rapidement fait la vaisselle avant d’aller se coucher.
En me rendant au « Pavillon », j’ai croisé la route de deux autres lycéennes, Constance et Claire. Elles ont voulu faire davantage connaissance avec moi.
« Tu viens d’arriver et justement ta présence nous intriguait parce qu’on a pas compris pourquoi une personne voulait venir au foyer juste avant les vacances.
⁃ Je suis là pour une immersion journalistique. C’est dans le cadre de l’un de nos projets d’étude en journalisme et j’ai choisi de venir dans cette communauté, leur ai-je expliqué.
Si j’ai décidé de me « dévoiler », c’est parce qu’il ne me restait que deux jours à passer avec elles. Alors il fallait que je sois brève et précise dans mes paroles pour pouvoir recueillir leur témoignage sur le vécu dans cette structure.
Toutes deux sont en terminale S au lycée Aux Lazaristes. Ça fait presque 3 ans qu'elles sont au foyer et dès leur arrivée elles se sont intégrées, greffées à d'autres groupes de lycéennes. Elles n'auraient voulu pour rien au monde quitter le foyer durant toutes leurs années au lycée. Meilleures amies, Claire et Constance travaillent et s'entraident chaque soir pour leur devoir du lendemain. Grâce à cela, elles ont pu progresser à l'école; elles se sont fixées des objectifs de travail communs notamment pour le baccalauréat. Constance confiait également qu'avant d'intégrer le foyer, elle ne travaillait pas comme ça, de manière aussi intense, et a senti une nette amélioration dans ses notes. LEs filles du groupes des "Lazo", étudiantes du lycée Aux Lazaristes, sont d'avantage plus soudées entre elles, ce qui ne les empêchent pas d'être ouverte aux autres groupes.
Ces deux lycéennes sont très proche des religieuses et en particuliers d'une ancienne qui s'en est allée en ce début d'année, Sœur Vanille. Elles se confient à elles sur leur problème de famille, scolaire ou encore discutent avec elles concernant certains potins. Les filles les considèrent comme leurs mères.
Après cette rencontre, je remonte dans ma chambre me coucher.
31/05/2018 - Jour 5 : Toute la vérité et rien que la vérité
Au 5e jour de mon immersion, une seule idée me venait en tête : il ne me restait que quatre jours en revanche avec les sœurs pour boucler mes interviews.
Leur témoignage est très important. Elles sont la mémoire vivante de ce foyer et plus particulièrement sa directrice, sœur Lucia. Et je devais aussi expliquer aux filles du soir pourquoi j’étais venue ici.
Au moment de la prière à 9 h 00, après le petit déjeuner, j’ai accompagné les religieuses. C’était l’occasion de lire une parole de la Bible, de prêcher à ce propos et continuer sur un « Je vous salue Marie » et le « Notre Père ». Pouvoir assister à ce moment de recueillement m’a non seulement permis de me recentrer sur moi même mais aussi de pouvoir m’apaiser après un début de second semestre chargé. J’en ai profité pour remercier le Seigneur de m’avoir donné cette chance de vivre une telle expérience au cœur de cette communauté.
La prière achevée, j’étais bien, même très bien. En faisant un bilan de ce séjour passé je finis par conclure que en étant choyée par ces religieuses on est apaisée. C’est comme si on était encore dans le cocon familial, tout en ayant une certaine autonomie.
Après la prière, j'accompagne Sœur Lucia dans l'arrosage quotidien de ses plantes. De la chapelle à la verrière en passant par le couloir.
« J’aime bien m’occuper des fleurs. Ca me permets de me détendre et puis je préfère que ce soit moi qui le fasse que le jardinier. »
Les plantes sont toutes bien entretenues, ce qui montre que sœur Lucia a bien la main verte. Elle sait s'en occuper aussi bien que des filles du foyer. Certaines des demi-pensionnaires parti, offrent des plantes, des fleurs à la Sœur pour la remercier de son travail. Car toutes savent sa passion pour les plantes.
Pour le déjeuner, comme chaque midi, nous entamons la prière de bénédiction du repas. Et là l’état de Lucia inquiète d’autant plus Bernadette et Lucie. C’est la raison pour laquelle elle est conduite d’urgence chez le docteur par la secrétaire, Sophie Santi. De retour du médecin, Lucia a eu pour ordre de devoir se reposer. « Elle sollicite beaucoup ses capacités physiques qui s’amoindrissent avec l’âge. Elle ne s’arrête jamais. Il faut qu’elle arrive à lâcher prise pour elle même et pour la communauté », s’est exclamée Sophie. Car oui il faut le dire, la religieuse tient à faire les choses par elle même et veut avoir le contrôle de tout. Savoir quelle fille est rentrée/sortie, qui a téléphoné, qui va préparer le repas … comme une véritable maman.
Dans l'après-midi, j'ai pu discuter à nouveau avec Sœur Lucie. Elle a réussi à faire énormément d’effort pour répondre à quelques unes de mes questions. Puis elle était tellement gentille tout le long de mon séjour. Elle me demandait chaque matin si j’avais bien dormi, si j’arrivais à m’intégrer avec les filles et si j’appréciais d’être au Foyer La Voie Romaine. C’était un véritable échange humain comme le préconise le but premier de notre immersion de 2e année.
Le soir venu, je me devais de révéler aux autres filles l’objet de ma présence parmi elles.
« Les filles j’ai à vous parler, ai-je commencé. Voilà en fait si je suis arrivée dimanche dernier c’était en réalité pour une immersion journalistique. J’avais pour mission d’observer les us et coutumes des étudiantes et des sœurs. Je n’étais en aucun cas en situation de demi-pensionnaire comme vous ici ; mon seul but était de pouvoir vivre une expérience humaine. Je repars dimanche et j’ai vraiment adoré chaque moment avec vous. Et je vous remercie de m’avoir permis une parfaite intégration.
⁃ Attends ça veut dire que tu étais une espionne ? m’a alors lancé Diane, stupéfaite.
- Oui et non. Je devais me mêler à vous, « incognito ». Puis je dois restituer toute mon expérience pour en faire un compte-rendu sous forme de blog-site internet. J’ai aussi utilisé un dictaphone au moment du repas, ai-je continué.
⁃ Mais tu pars dimanche ? Tu ne restes pas pour le reste de l’année ? s’est affolée Mathilde. On t’aimait bien nous ! Ca fait bizarre de savoir ça, je m’y attendais vraiment pas, j’ai rien remarqué.
⁃ Oui je pars dimanche. et non malheureusement je ne reste pas. Moi aussi j’ai bien aimé être avec vous. J’ai une autre faveur à vous demander à toutes les trois. Accepteriez-vous de me faire part de vos impressions à propos du foyer ?
⁃ Oui bien sûr ! On veut bien t’aider pour ton projet ! se sont accordées à dire les filles. On fait ça dans la chambre d’Hélène, c’est mieux rangée que les nôtres.
C’est donc après le dîner que nous nous sommes réunies dans la chambre de 20 m2, pour avoir les impressions des unes et des autres.
Lors de cet entretien, Hélène, une des filles de première au lycée Aux Lazaristes, s'est confié sur ses première impressions au sein du foyer. Même si elle était timide au début de son entrée au foyer, elle a réussi à se construire une famille.
Elle explique également que la vie dans un foyer est mieux que celle dans un internat, où elle avait déjà passée 2 années. Pour elle, les religieuses laissent suffisamment d’autonomie bien qu'il n'y ait pas de véritable lien affectif entre elles.
A leur tour, Diane et Mathilde, ses deux autres amies estiment que même si elles ne se connaissent pas toutes et qu'elles restent beaucoup en groupe selon les lycée, il y a un esprit de famille. Car pour elles, se sont leur « SDF » ( Sœurs du Foyer)
Comme leur amie Hélène, elles ne considèrent pas totalement les religieuses comme leur mère, même si elles représentent une figure maternelle.
Avec de l'éloignement, Mathilde prend conscience de la valeur d'une famille.
C'est beaucoup plus qu'un foyer:
A la fin de cet échange, elles m’ont proposé de venir manger avec elles le lendemain midi au Vieux-Lyon.
Puis nous avons fini par se dire bonne nuit à 23 heures. Finalement, avoir avoué que j’étais en immersion, les a plus intéressé que choqué. Un bilan plutôt positif sur mon intégration au sein de leur groupe.
01/06/2018 - Jour 6 : Le départ des filles et un foyer presque vide
Au réveil de ce dernier jour, j’ai eu la chance de croiser au petit-déjeuner Mathilde et Diane, avec qui j’ai discuté la veille au soir. « Tu viens toujours à midi manger avec nous hein ? m’a demandé sur un ton joyeux Mathilde. Quand tu es à Vieux-Lyon tu me préviens. »
Pour ce dernier jour, j’ai pu interroger Lucia, la directrice. Du moins lui poser des questions pour connaître l’Histoire du Foyer La Voie Romaine.
Lors de ce face à face dans le salon, Lucia a su se rappeler de chaque événement marquant depuis la création de cette institution. Nous avons discuté pendant presque 1 heure et le simple fait de l’entendre donnait l’impression d’ être dans ces flash-backs. Elle m’a également livré d’autres anecdotes qu’elle a vécu avec des pensionnaires depuis son entrée en fonction.
Certaines prenaient de la drogue quand d'autres faisaient entrer leur copain dans leur chambre. Tout cela est bien entendu proscrit par le règlement. Et est impardonnable ce qui entraîne le renvoi immédiat. Au total Sœur Lucia a renvoyé 4 jeunes filles.
11 h 00. J’avais fini de m’entretenir avec sœur Lucia et je devais me préparer pour rejoindre les filles pour le déjeuner, au Vieux-Lyon, comme convenu.

En sortant, j’ai pu longer le théâtre gallo-romain limitrophe au foyer. La vue donne sur toute la ville de Lyon. En me faufilant dans les ruelles du quartier, j’ai pu découvrir certains vestiges catholiques, ou encore de vielles ruines d’après-guerre bien conservées.

J’ai ainsi pu voir Fourvière autrement qu’à partir de sa basilique.
En rejoignant les filles pour le déjeuner, nous avons marché dans le Vieux Lyon. C’était certainement la dernière fois que je les voyais puisqu’elles allaient prendre le train ce soir après l’école. Un sentiment de tristesse et de nostalgie m’a soudainement envahi. J’étais bien entourée, bien dans ce nouvel environnement plein d’ondes positives. Le retour à la réalité allait être brutal dès lundi, sans famille.

Avant de partir je les remercie du fond du cœur de m’avoir accueilli. Nous avons fini cette rencontre par une accolade.
« T’en fais pas, on se reverra très bientôt ! On garde contact, mais vraiment ! on te considérait presque comme une « SDF » !, m’a lancé Mathilde et Diane avant que je ne parte.
C’était très touchant comme au revoir. je n’aurai jamais pensé qu’en si peu de temps je me serai attachée à ces filles, à la maturité grandissante.
14 h 00. En revenant à La Voie Romaine, Sœur Lucia qui se trouvait alors à l’accueil, m’a montré avec fierté le « livre d’Or du Foyer ».

« Il nous a été offert par une ancienne pensionnaire. Là dedans, les filles y glissent un petit mot pour témoigner de l’expérience qu’elles ont vécu ici. Quand on retombe dessus on se souvient à nouveau de tous ces visages. Je n’oublierai pas, du moins je l’espère, aucun des prénoms de nos anciennes filles », m’a-t-elle
Quand l’heure du dîner fut venu, il y avait pratiquement aucune pensionnaire dans le réfectoire.
« Comme les filles rentrent chez elles en grande majorité le vendredi, pour celles qui souhaitent rester jusqu’à samedi, il faut nous le signaler pour qu’on puisse leur préparer les repas, m’expliqua sœur Bernadette une fois à table avec les religieuses.
Lors de ce repas à 4, Lucie, Lucia, Bernadette et moi-même, m’ont demandé si ma semaine d’immersion s’était bien passée. Sœur Lucia a voulu d’avantage connaître le retour des filles vis-à-vis de la vie au foyer. Ce à quoi je répondais en toute franchise :
« Les filles en tout cas, elles aiment bien être ici. Déjà il y a leurs amies mais elles adorent avoir cet esprit d’autonomie que vous leur avaient appris. Et pour les repas, c’est globalement correct.
⁃ Ah ça fait plaisir ! On en doutait pas mais je trouve dommage que l’on gaspille autant de nourriture chaque soir. On pense bien faire en commandant des plats équilibrés et variés, mais il y a beaucoup de denrées finalement qui ne sont pas consommées. Il y a un plat qu’elles mangent sans grande difficulté: les spaghettis. Et les aliments panés, poursuit Lucia. Chez nous au Brésil, on serait consterné de voir autant de gâchis quand on sait que plusieurs personnes voudraient bien être à leur place. Après on ne va pas forcer les filles à manger…
A ces mots, je me sens à mon tour mal à l’aise. Parce que certes les filles aiment bien cette ambiance au foyer mais d’un autre côté il y a aussi la partie gaspillage des repas. Je ne saurai expliquer ce comportement si ce n’est que cela relèverait d’une mauvaise habitude alimentaire.
Le dîner terminé, je reste devant la télé avec les trois sœurs puis m’en vais me coucher.
02/06/2018 - Jour 7: j-1 avant le départ...
Au réveil de ce début de week-end, je me rends dans la petite cuisine réservée aux pensionnaires. Je tombe alors sur l’une d’elles, Eva, âgée de 19 ans. Drôle de coïncidence en effet.
On se présente l’une à l’autre et je lui explique en quelques mots pourquoi je suis là. On commence alors à parler et la discussion tourne vite autour de mes études journalistiques. Comme pour la rassurer je lui explique comment s’orienter vers le journalisme.
Puis on en vient à discuter sur le comportement de certaines filles.
« Toutes les filles ont ici un caractère différent. Elles ne se parlent pas forcément toutes entres-elles malheureusement. Et puis je ne sais pas si tu l’as remarqué mais elles gaspillent aussi énormément de nourriture. Elles n’aiment pas la viande ou le poisson. Résultat: les plateaux repas ne sont jamais vides, me fait-elle remarquer.
J’ai été là encore sidérée par la maturité de ses propos.
Après notre discussion, Eva me montre sa chambre ainsi que le point de vue qu’il y a depuis son balcon.
« Pour réviser le bac, il m’arrive de mettre une table dehors. C’est tellement mieux d’être à l’extérieur pour travailler. Je ne pouvais pas rêver mieux à mon avis. Je préfère rester ici plutôt que de rentrer chez moi le week-end. Là je peux réviser tranquillement sans aucun bruit, dit-elle.
A la suite de quoi, je me prépare pour sortir et continuer à faire le tour du quartier jusqu’à Saint-Jean toute l'après-midi.
Le soir, pour mon dernier repas au foyer, je remercie les religieuses de m’avoir accueilli.
A leur tour elles en firent de même. « Merci à toi de nous avoir aidées pour la vaisselle. Ça a été un véritable plaisir de t’avoir avec nous ! » me lança Sœur Lucia.
Avant d’aller dormir je vérifie une dernière fois que je n’ai rien oublié dans la chambre.
Je règle une dernière fois mon réveil sur 7 h 00.
03/06/2018 - Jour 8 : rentrer chez soi le cœur gros...
Voilà, c’est le grand jour. Celui où je dois quitter le foyer La Voie Romaine et reprendre le chemin de la maison, vers ma vie d’étudiante autonome.
Dès mon réveil je croise comme d’habitude Sœur Lucie à l’accueil et lui fait part de l’heure de mon départ, 9 h 45. J’en informe également les autres religieuses.
Après mon dernier petit-déjeuner, je remonte à ma chambre prendre ma valise et mon sac à dos.
Les trois religieuses, Bernadette, Lucie et Lucia me raccompagnent jusqu’au portillon pour me dire au revoir. Avec une certaine émotion.
Au revoir petite chambre. Au revoir lit douillet. Au revoir les SDF, et surtout au revoir à ces 3 mamans.
Je sais que j’y reviendrai. Je sais que c’était une riche et belle expérience. J’ai appris, j’ai donné et j’en sors grandie en 8 jours.
Je ne pouvais exprimer ce que je ressentais tellement c’était fort. On s’y attache, mais ma vie d’étudiante doit continuer. D’autres expériences professionnelles m’attendent.

Par Eva-Marie FRANCOISE
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